Objet du mois
Vol de l’Eole d’Ader
Georges Beuville (1902-1982)
Vol de l’Eole d’Ader, Armainvilliers
France
Non daté
Gouache sur papier
50 cm x 63.5 cm
Inv. 16038
En raison du montage de l’exposition Flight, le hall de l’Entre-deux-guerres sera fermé aux visiteurs jusqu’au 16 décembre inclus.
Le Hall Concorde sera exceptionnellement fermé le mercredi 4 décembre.
Les travaux réalisés sur le réseau de chaleur de Dugny et du Bourget se dérouleront du 30 septembre au 20 décembre sur la zone du musée. Les accès routiers sont temporairement modifiés et le nombre de places de stationnement réduit sur le parking du musée. En savoir plus.
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Clément Ader (1841-1925), ingénieur de formation, entretient depuis l’enfance une fascination pour tout ce qui vole. C’est en menant un travail d’observation approfondie sur la roussette des Indes, chauve-souris géante qui a la particularité d’effectuer de courts vols planés, qu’il conçoit son premier prototype d’aéroplane : Eole. Empruntant son nom au maitre des vents dans la mythologie grecque, le brevet d’Eole est déposé le 19 avril 1890.
Le tableau représente le premier vol d’Eole, un appareil aux ailes repliables doté d’un moteur à vapeur, conçu avec des matériaux légers afin d’optimiser son poids qui n’excède pas 300 kg, pilote inclus. Les préparatifs se font dans le secret, Ader travaille à perfectionner son engin avec l’aide de ses contremaîtres Espinosa et Vallier et le soutien du banquier Gustave Pereire qui lui met à disposition le parc du château de Gretz-Armainvilliers (Seine et Marne). C’est à cet endroit qu’Ader, le 9 octobre 1890, parvient à réaliser l’exploit à bord de son engin : faire voler un plus lourd que l’air. Concrètement, l’appareil se soulève à environ 20 centimètres du sol sur une distance de 50 mètres. Cette première mondiale a longtemps été contestée, en raison d’un procès-verbal lacunaire et d’observateurs suspectés de complaisance.
L’artiste prend le parti de mettre l’accent sur l’instant décisif : l’Eole a décollé du sol, sous le regard attentif des deux assistants et provoquant la surprise du jardinier. L’attitude de ce dernier apporte un effet cocasse qui ajoute à la fraîcheur de la scène dont on dirait qu’elle a été croquée sur le vif. Cette manière, caractéristique de Georges Beuville (1902-1980), renforce le caractère inédit de l’événement tout en occultant le fait que cette peinture a été réalisée de manière rétrospective, à partir des nombreuses recensions et photographies parues dans la presse au moment des faits. Pilote lui-même et dessinateur rompu aux scènes de bataille et aux recréations des exploits accomplis par les pionniers de l’aviation, Georges Beuville est promu peintre de l’air en 1935, date à partir de laquelle il signe d’une étoile sur le i de son nom. Convoyeur d’avions pendant la deuxième guerre mondiale, il se consacre ensuite en grande partie au vol à voile, publiant et illustrant de nombreux ouvrages consacrés à cette pratique.
Si la représentation de Beuville n’apporte pas d’information déterminante sur l’envol d’Eole, elle traduit l’admiration que peut éprouver un passionné d’aviation pour un précurseur qui a permis une avancée majeure dans la maîtrise des airs.
Le Musée de l’Air et de l’Espace a la chance de conserver les notes et les dessins originaux de Clément Ader. Son histoire, ainsi que celle d’autres inventeurs qui ont basé leurs recherches sur l’observation du vol animal, sont à retrouver dans l’exposition Flight du 17 décembre 2024 au 27 juillet 2025.