Le 9 août 1884, le dirigeable La France effectue au départ de Chalais Meudon une boucle de 7,6 km parvenant à rejoindre son point de départ après 23 minutes de vol. Il devient ainsi le premier aérostat véritablement dirigeable au monde.
En 1877, l’armée française, qui utilisait depuis près d’un siècle des ballons d’observation sur les champs de bataille, souhaite conserver l’avance technique acquise dans ce domaine. Elle créé l’Établissement central d’aérostation militaire basé sur le site de Chalais-Meudon. Ce premier laboratoire expérimental d’aérostation dans le monde est dirigé par le capitaine Charles Renard. Ce polytechnicien inventif et talentueux cherche une solution pour résoudre un problème crucial depuis le début de l’aérostation : comment diriger les ballons et éviter que leur trajectoire soit soumise au gré des vents ce qui rendait les voyages aériens aléatoires et périlleux ?
Charles Renard se lance dans la construction d’un nouveau dirigeable. Il reprend l’idée d’Henri Giffard de donner à son ballon une forme ovoïde allongée afin d’améliorer la pénétration dans l’air mais, pour éviter les risques d’incendie, il abandonne le moteur à vapeur lourd et peu pratique. Il renonce également au système à propulsion musculaire trop inefficace utilisé en 1872 par Henri Dupuy de Lome. Il opte, comme Gaston Tissandier en 1883, pour un moteur électrique de 8 ch désormais assez puissant pour impulser une vitesse suffisante pour lutter contre le vent. Son modèle est alimenté par une batterie de son invention composée de piles chlorochromiques d’une légèreté et d’une puissance exceptionnelle.
La nacelle de 33 m, fabriquée en bambou léger, souple et résistant, est suspendue à un ballon de 50 m de long gonflé à l’hydrogène. Elle porte à l’avant une très grande hélice et à l’arrière un gouvernail de direction et un petit gouvernail de profondeur qui sert essentiellement de plan stabilisateur.
Le 9 août, La France avec à son bord les capitaines Krebs et Renard décolle de Chalais Meudon et rejoint son point de départ après avoir parcouru 7,6 km. Le dirigeable fera ainsi suite sept navigations dont la plupart le ramènent à son lieu d’envol. Il rejoint ainsi le hangar Y, bâtiment récemment restauré, construit à partir des poutres de l’ancienne galerie des machines de l’exposition de Paris en 1878.
Le nombre de passagers transporté par La France reste limité, mais cet objet expérimental est cependant exceptionnel. Il a marqué une étape majeure de l’histoire de l’aérostation et ouvert la voie au développement des dirigeables dont les célèbres plus célèbres seront les Zeppelins.