Objet du mois
Hector Trotin Dirigeable Santos-Dumont n°6
Hector Trotin (1894-1966)
Dirigeable Santos-Dumont n°6, 1901
Huile sur toile
61 x 50,5 cm
inv. 4772
Fermeture exceptionnelle du musée le 25 décembre et le 1er janvier.
Merci de votre compréhension.
Fasciné par les premiers vols de dirigeables d’Alberto Santos-Dumont, qu’il a eu l’occasion d’observer enfant au-dessus de Levallois-Perret, Hector Trotin représente une scène historique, celle d’un exploit accompli par le célèbre aéronaute, en la situant dans un contexte de fête populaire typiquement parisienne.
Le tableau évoque un événement historique qui s’est déroulé le 19 octobre 1901, date à laquelle Santos-Dumont réunit les conditions pour remporter le prix Deutsch de la Meurthe. Il effectue en effet un vol aller-retour au départ de l’aéroclub de France, dont le siège est situé à Saint-Cloud, avec contournement de la tour Eiffel, le tout en moins de trente minutes.
C’est précisément le moment du passage du dirigeable n°6 devant la tour Eiffel que le peintre met en scène, en traitant l’esplanade du Trocadéro sous la forme d’une perspective prononcée qui guide le regard jusqu’au célèbre monument. La structuration symétrique, pour ne pas dire rigide, de la composition, renforcée par le ciel qui occupe la moitié supérieure du tableau, est atténuée par la présence de trois ballons et ponctuée d’une multitude de personnages traités schématiquement parmi lesquels on reconnaît des enfants au cerceau, des militaires, ou encore des juges officiels du prix, variété de personnages qui renforcent le caractère anecdotique de la scène.
Les rues pavoisées, l’aspect très vivant et coloré de la représentation, nous rappellent que les premières sorties des engins volants suscitaient un vrai engouement populaire.
Hector Trotin, dont la signature en bas à gauche est bien visible, s’est semble-t-il spécialisé dans la peinture de scènes pittoresques ayant pour cadre des quartiers reconnaissables de la capitale, dans lesquelles la représentation d’un aérostat en arrière-plan agit comme un marqueur supplémentaire du paysage parisien. Peintre naïf ou bien peintre du dimanche dont le caractère maladroit est plus ou moins maîtrisé, il n’en reste pas moins ses tableaux ont exercé une séduction sur nombre de touristes qui s’en sont porté acquéreurs. Un autre pan de la production d’Hector Trotin, pour laquelle il utilise plusieurs anagrammes, est consacrée à des tableautins représentant des ascensions documentées de ballons de la fin du 18ème siècle au milieu du 19ème siècle. Grâce à des passeurs tels qu’Hector Trotin, la mode du motif « au ballon » traverse les siècles.
Texte : Julie Ulloa
Illustrations : Vincent Pandellé