Film d’archive sur l’aviatrice Suzanne Jannin

Ce film fait partie des archives filmées et photographiques sauvegardées par des membres de l’Association Française des Femmes Pilotes.  Ces archives sont en cours de donation au musée de l’Air et de l’Espace par l’intermédiaire de l’AFFP en 2024 et 2025.

Cette archive filmée par André Fieux montre Suzanne Jannin en entrainement au Centre National de pilotage et de parachutisme de Saint Yan dans les années 1950. On y voit entre autres les instructeurs Michel Berlin, Jacques Leclerc, Raymond Vivien, le pilote et chef de centre Louis Nottenghem, des mécaniciens, des stagiaires, des scènes de vie au centre et des images de préparation de vols et de voltiges aériennes sur Stampe. L’archive se poursuit avec le départ de Suzanne Jannin pour l’Indochine depuis la gare de Lyon en avril 1951 puis son départ pour un 2e séjour en Indochine depuis l’aéroport du Bourget en avril 1953.

Suzanne Jannin : résistante, pionnière de l’aviation militaire

Suzanne Jannin (1912-1982) est une figure remarquable de la Résistance et de l’aviation militaire française. D’abord chirurgienne dentiste diplômée en 1939 lui assurant un solide avenir professionnel, elle commence les cours de pilotage à Nancy qui seront stoppés par la Seconde Guerre mondiale. Elle s’engage rapidement dans la Résistance utilisant son cabinet de dentiste à Verdun pour aider les maquisards en soignant des blessés, pour cacher des agents et fabriquer de faux documents. Elle aide également des aviateurs alliés à rejoindre la Suisse.

Après la guerre, elle reprend des cours de pilotage et obtient rapidement son brevet de pilote 1er degré.

En 1938, l’Armée de l’air avait créé un terrain d’aviation de secours en Saône et Loire, au sud de la Bourgogne, qui devient en 1948, le Centre National de pilotage et de parachutisme de Saint Yan. Suzanne Jannin fréquente l’aérodrome de Saint-Yan en 1950 comme stagiaire afin de se perfectionner auprès notamment des moniteurs Michel Berlin et Louis Nottenghem. Ce passage à Saint-Yan fut un préalable pour être acceptée dans l’Armée de l’air.

Elle dépose alors une demande d’engagement pour la guerre d’Indochine en tant que pilote, mais il n’est pas prévu de branche féminine dans cette spécialité. Elle accepte alors un poste de capitaine chirurgienne- dentiste au CAFAEO (Corps Auxiliaire des Forces Armées d’Extrême-Orient).

En 1953, Suzanne Jannin, sur les conseils du général Chassin, accepte d’être rétrogradée au rang de caporal-chef, afin d’être détachée en tant que pilote de Morane 500 Criquet en Indochine sur la base de Thann-Son-Nhut. Elle y réalise 290 missions, dont 86 en zone de guerre.

De retour en France en 1954, elle sert dans l’Armée de l’air comme chirurgien-dentiste jusqu’en 1957 avant de reprendre son activité de dentiste. Suzanne Jannin demeure une pionnière qui a brisé les barrières imposées aux femmes de son époque, laissant une empreinte durable dans l’histoire militaire et aéronautique.  Elle a reçu de nombreuses distinctions, dont la Légion d’honneur et la Croix de guerre. Elle s’éteint en 1982, laissant derrière elle un héritage de bravoure et de dévouement.

Suzanne Jannin en 1957 © ecpad

Cette archive ainsi que les autres films et documentation en donation apparaissent dans le film Suzanne Jannin, femme de l’air, femme de l’ombre réalisé par Olivier Sarrazin.

Le film sera projeté en présence de son réalisateur le 8 mars 2025 au musée de l’Air et de l’Espace dans le cadre de la Journée Internationale des droits des femmes.