Objet du mois

Eventail brisé : ascension des Garnerin à Berlin
Allemagne
1803
Os, papier, textile
15 cm de haut
24.5 cm de largeur (déplié)
Inv. DAB 1762
Une fois déplié, l’éventail offre au regard une scène composée de manière symétrique avec comme motif central un ballon pavoisé encadré de part et d’autre par les portraits en médaillon de M. et Mme Garnerin.
Ce couple hors du commun occupe une place à part dans l’histoire des évolutions techniques relative à la maîtrise des airs. André-Jacques Garnerin (1769-1823) apprend le métier d’aérostatier auprès de Jacques Charles le physicien inventeur du ballon à gaz. En 1797, il effectue avec succès au parc Monceau (Paris) le premier saut en parachute depuis un engin volant, un ballon à hydrogène évoluant à 680 mètres d’altitude. Parmi les spectateurs se trouvait Jeanne-Geneviève Labrosse (1775-1847), qui devint l’élève et l’épouse de Garnerin, puis la première femme parachutiste en 1799. C’est elle qui dépose le brevet du parachute au nom de Garnerin le 11 octobre 1802. Les années suivantes, le couple s’emploie à faire des démonstrations à l’invitation des cours royales aussi bien en Angleterre, en Allemagne ou encore en Russie.
La légende en allemand inscrite en bas de la scène illustrée indique « Voyage aérien de Monsieur et Madame GARNERIN accompagnés de Monsieur GÄRTNER à Berlin en 1803 ». Les journaux de l’époque précisent que l’envol a eu lieu le 13 avril 1803 sous les yeux de la famille royale. Quelques faits marquants émaillent le voyage : outre la présence dans la nacelle de M. Gaertner, notable local, un record d’altitude est atteint à 6200 pieds (1889 mètres) et un petit chien placé dans un panier rejoint sans encombre la terre ferme à la suite de son largage en parachute. Le spectacle du jour revêt donc un caractère particulièrement festif et populaire.
L’iconographie déployée dans l’éventail emprunte une image largement diffusée par l’estampe, qui plus complète, ajoute la représentation d’un parachute et du public.
L’éventail représentant l’ascension des époux Garnerin à Berlin en 1803 correspond à un type dit « brisé » : composé de lamelles en matière organique (ici de l’os) qui sont retenues entre elles par un ruban en partie haute et par un clou à son extrémité inférieure dénommée « tête », il n’a pas de feuille contrairement aux éventails « pliés », plus courants. Les quatre éléments composant la scène sont issus de la gravure, technique qui permet de produire des images à bas coût et en grande quantité, puis découpés et collés sur les brins de l’éventail.
L’utilisation de matériaux relativement modestes associée aux petites dimensions de l’objet en font un accessoire à la fois solide et pratique.
Le musée de l’Air et de l’Espace conserve un fonds représentatif d’éventails de toutes factures qui sont autant de souvenirs d’évènements aérostatiques et aéronautiques de l’époque Louis XVI jusqu’au début du XXème siècle. La Journée européenne des métiers d’art organisée le 6 avril est l’occasion d’en découvrir une sélection.