Élément de parure tant intime que public, ce type d’étui pouvait contenir un nécessaire à écriture, broderie ou toilette. Sous le règne de Louis XVI, les accessoires galants sont le réceptacle de nombre de représentations évoquant les premiers développements de l’amour ; sur les parures au ballon, la présence du motif de l’envol d’un aérostat peut symboliser la concrétisation de la relation, voire l’extase amoureuse.
Ayant récemment rejoint les collections publiques, cet étui, dit « Souvenir d’amitié » en raison des mentions présentes sur le couvercle, est orné sur une des faces d’une miniature ovale peinte à la gouache sur papier, représentant deux aéronautes agitant des drapeaux dans les nuées. Les lés rouges et jaunes de l’enveloppe de soie imperméabilisée, retenue par un filet, l’appendice de gonflement et la nacelle bleue et or permettent d’identifier distinctement le ballon « à gaz inflammable » de Charles et Robert, également appelé « charlière ». Bien que ne représentant pas l’habituel décor des Tuileries, le miniaturiste a pris soin de laisser un indice. L’un des protagonistes a laissé tomber son tricorne, selon un motif particulièrement développé dans le répertoire iconographique des objets au ballon, faisant référence à l’événement tel qu’il fut raconté : « Il étoit une heure quarante minutes lorsque la Machine s’éleva ; les voyageurs étant à quarante ou cinquante pieds de hauteur jetterent leurs chapeaux en signe d’adieux » (Mercure de France, 13 décembre 1783, p. 83).
La boîte contient un ensemble de trois tablettes en ivoire maintenues ensemble par un rivet, formant un carnet, ainsi qu’un crayon. Malgré la fine fissure présente sur l’ivoire et les quelques rayures sur l’or, l’objet se trouve dans un état de conservation particulièrement bon. La miniature du revers présente des armoiries gravées en métal doré sur soie. Par son acquisition, l’objet complète un ensemble initialement constitué de deux étuis à tablettes au ballon, tous deux ayant perdu le crayon qui les accompagnait.
Texte : Juliette Maridet
Photographies : Frédéric Cabeza