Le programme Corvette aura été le dernier exemple de ce qu’il ne fallait pas faire au sein de l’industrie française : créer un appareil conçu par une société nationale devant concurrencer une gamme d’avions au succès confirmé réalisé par une société privée, en l’occurrence la série des Dassault Mystère XX et autres Falcon.
De très mauvais auspices
Lancées séparément en 1967 par Nord Aviation et Sud Aviation, les études du SN 600 Diplomate aboutirent à la construction du premier avion de la Société Nationale Industrielle Aérospatiale. Biréacteur d’affaire, il devait pouvoir séduire un marché très diversifié allant du taxi aérien à l’ambulance en passant par l’entraînement ou le cargo, grâce à un prix de revient très faible de l’heure de vol dû à ses réacteurs à double flux bénéficiant d’une consommation réduite. Le 16 juillet 1970, le prototype décollait pour la première fois. Le 23 mars 1971, au cours d’essais de décrochage trop sévères, le F-WRSN était perdu avec son équipage.
Un échec programmé
Après une révision complète de la cellule, laquelle fut allongée pour abriter jusqu’à 12 passagers, le SN 601 accomplit son premier vol le 20 décembre 1972. Bien que silencieux, spacieux et économique, l’avion ne sut conquérir le marché déjà fort encombré des jets d’affaire, en particulier aux Etats-Unis, en France Air Alsace et Air Alpes en employèrent deux chacun et Air Languedoc quatre. Des difficultés de jeunesse comme des sorties asymétriques des volets affectèrent leur exploitation, si bien que la production en série s’arrêta avec le 39e exemplaire en 1977. Entre 1972 et 1975 les pertes subies par Aérospatiale sur ce programme était supérieures à celles générées par Concorde…
Sur notre 31
Le 17 octobre 2009 la Corvette n°31 atterrissait au Bourget pour être remise au Musée. Immatriculée F-GJAP elle faisait partie des cinq exemplaires utilisés par Airbus Industrie comme avion de liaison. Après son premier vol, le 4 juin 1976, elle avait été louée à Touraine Air Transport (F-BTTK) en janvier 1977. Immatriculée successivement N602AN, F-BZSB et EC-DYE, elle fut finalement attribuée à Airbus Industrie qui en utilisera cinq lesquelles accumuleront 63 500 heures de vol.
Le 17 octobre 2009 à 14h30, le ciel du Bourget a été illuminé d’un point blanc : cette Corvette, qui est arrivée en vol depuis Toulouse-Blagnac pour intégrer le musée. Nos photographe et caméraman étaient fidèles au poste : arrivée en images !
Dès son arrivée, l’appareil a été tracté jusque dans les réserves du musée (hall B). Les moteurs y ont été démontés et soigneusement emballés pour être récupérés par Airbus. Cette Corvette va pouvoir désormais entamer sa retraite.